2013-11-05

Ce blogue (Section 2013) disponible en format pdf

Pour ceux qui veulent lire ou relire l'aventure, mais dans un format plus facile, vous pouvez télécharger un document en format pdf qui contient tout le texte de la section 2013 incluant les clichés publiés en cours de route.  Bonne lecture.

Lien vers le fichier (31 Mégaoctets):  Monia et Eric sur le Danube (2013) - PDF

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2013-09-28

Jour 30: La fin de la suite

0 km. Cum: 1880 km.

Linz, Autriche - Et voilà, l'aventure est terminée, du moins la partie terrestre, car on ne sait jamais ce que les compagnies aériennes nous réservent comme belles surprises. Les vélos ont été emballés par notre ami Constantin, il reste juste à transporter tout ça à l'aéroport et se faire ramener en Amérique sur deux ailes au lieu de deux roues.

Aujourd'hui, c'est l'anniversaire de Monia et disons que je ne lui ai pas commencé sa journée sur une note très jojo, car j'ai insisté pour qu'on aille visiter le mémorial du camp de concentration de Mauthausen.  Monia adore tout ce qui concerne l'histoire, mais elle ne tient jamais à refaire le chemin des horreurs que ce soit en photos ou sur place. Par exemple, elle avait visité Alcatraz à reculons, juste pour me faire plaisir. Moi, au contraire, j'aime repasser sur les traces de ces moments d'histoire qu'ils soient macabres, célèbres ou autres. S'ils témoignent de la bêtise humaine, comme ici, je trouve d'autant plus important de les visiter. On n'est jamais assez convaincus que notre liberté est fragile et qu'on doit demeurer vigilant en démocratie pour se protéger de la pente glissante de l'hystérie collective. Monia trouve qu'elle était déjà suffisamment convaincue, même avant d'avoir aperçu les photos difficilement supportables qui sont montrés ici. Malheureusement, ces photos témoignent de ce qui s'est réellement passé ici.




Déportation, dénombrement, épouillage, étiquetage, classification, châtiments, humiliations, exécutions, crémations, que de mots crus qui collent à ces endroits où on pose les pieds. Tout ça au nom de principes qui ont semblé sensés pour un peuple (pas seulement un Führer) à une époque pas si lointaine...




Nous en sommes revenus un peu ébranlés, mais le soleil radieux et un peu de chaleur nous ont requinqués pour le reste de la journée. Nous avons fait le tour des boutiques, on a fait des pauses dans les petits cafés, on a regardé les gens profiter d'un beau samedi ensoleillé. On a surtout trouvé un superbe bar à vins. Il y avait même des bulles dans la rue.




Depuis hier, on fait le bilan. Le meilleur restaurant (Mini à Vienne), le meilleur hôtel (Gasthaus Prankl, Spitz), la ville la plus charmante (Budapest), la meilleure bouteille de vin (No Man's Land, Blagoevgrad), la plus belle journée de vélo (Drobeta - Bela Crkva), la journée la plus gratifiante (Strumica - Blageovgrad avec plus de 2000m d'ascension et un excellent restaurant à l'arrivée), le moment le plus weird (être dans le champ à la noirceur en Serbie avec nos bécanes avec des dizaines de chiens qui jappent), le plus long fou rire (quand j'ai dit que la fille que je ne trouvais pas belle s'était fait faire un masque de beauté et qu'elle l'avait mis à l'envers), l'article qui nous a le plus manqué qui n'était pas dans nos bagages (un kit de linge de ville plus chaud).

On a beaucoup aimé notre voyage. C'est une façon de voyager qui nous pousse au défi, surtout dans des sections où la qualité de la route n'a rien à voir avec notre véhicule à roues étroites, mais ce n'est rien comparé à ceux qui apportent tout l'attirail de camping sur des vélos qui ont l'air de camping-cars. On est privilégiés de pouvoir choisir de se donner autant de misère, mais sans trop en avoir finalement, dormant à l'hôtel et mangeant au resto à chaque soir.




Avant de s'endormir, des bruits d'explosions nous attirent à la fenêtre. Surprise, c'est un feu d'artifice qui pétarade au bord du fleuve directement en face de notre chambre comme pour illuminer l'anniversaire de Monia.




C'est toujours un plaisir pour moi de profiter de cette itinérance pour partager mes états d'âme et vous faire vivre notre aventure en direct. Ça se termine ici et c'est avec un peu de tristesse que je mets un point final à ce blogue, mais au moins, cette fois, je le fais de l'hôtel et non de l'hôpital. :-)



FIN

48.314118,14.300433


Trame sonore du jour:

Montréal, Ariane Moffatt, Tous les Sens
« Je reviens a Montréal
Le corps tatoué de visages
Des anges dandys au dense plumage
Ont mis en lumière mon passage »
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2013-09-27

Jour 29: Franchir la barrière

129 km. Cum: 1880 km.

Linz, Autriche - J'imagine qu'on a tous notre interprétation de l'expression "Vents dominants de l'ouest".  Par exemple, Monia s'objecte toujours quand je dis que le vent est à l'envers. En effet, le vent est toujours à l'endroit, mais pas toujours dans son sens prédominant. En roulant vers l'ouest dans ce voyage, on s'attendait à avoir le vent en face plus souvent qu'autrement. J'aime m'imaginer ça comme une poche dans laquelle on a des boules marquées Est et d'autres marquées Ouest. Chaque matin, si un gérant du vent pige une boule pour décider du sens général du vent dans l'hémisphère nord, il attrapera une boule Ouest plus souvent qu'une boule Est, comme si un petit lutin biaisait pour l'Ouest. Sur un mois de voyage par exemple, on peut s'attendre à un peu plus de deux semaines de vent Ouest. Le petit lutin, c'est ce qu'on appelle la loi de probabilités qui répond à un modèle mathématique qui représente le climat. Ainsi, si on considère un mois de 30 jours, on aurait pu prédire entre 15 et 20 jours de vent d'Ouest toutes choses étant égales par ailleurs, comme dirait Réjean mon mathématicien préféré qui réussit à prédire l'avenir avec des équations. C'est lui qui nous a démontré que la combinaison de Super 7 1,2,3,4,5,6,7 n'était pas moins probable que les autres, car dit-il, les boules dans le boulier ne se connaissent pas, malgré qu'elles se côtoient de près. Surtout, il ne croit pas aux lutins.

Toujours est-il qu'à la roue de fortune quotidienne, la Vanna White du sens du vent nous a sorti Ouest à tous les jours depuis le départ. Et bien, surprise ce matin, c'est Est qui est sorti pour la première fois. Un beau cadeau pour la dernière journée de mouline.

On est parti tard, le déjeuner n'étant servi qu'à partir de 8:00. Il fait à peine 9 degrés au départ, alors on décolle avec tout ce qu'on a de vêtements. Les premiers 15 km sont une continuité de la veille: de petits villages superbes à mi-côteau, le Danube en contrebas et la vigne de chaque côté de la bécane. C'est de toute beauté, les propriétés sont fièrement entretenues et fleuries à souhait.




On roule jusqu'à Grein en longeant de près le Danube, parfois presque les deux roues dedans. Ça roule vraiment bien le vent dans le dos. Il est 11:30 et on a déjà 62 km, ce qui est bon considérant notre départ tardif et les embranchements fréquents.

Plus on approche de Mathausen, plus j'anticipe l'arrivée de la barrière qui avait interrompu le voyage en 2011. Un détour me fait craindre de l'esquiver, mais on revient sur le chemin original à temps pour la retrouver telle quelle. On est en sens inverse de la dernière fois, mais on reconnaît l'endroit sans équivoque. C'est un moment spécial, c'est comme boucler la boucle.

Il approche de la barrière, va-t-il la voir et l'esquiver ?




Il regarde devant, ne baisse pas la tête, négocie bien l'étroit passage, passe de très près, garde son équilibre même s'il la frôle de près...




Et, comme disait Patrice L'Ecuyer au Moment de Vérité: "C'est réussi !"



On prend quelques minutes pour refaire le fil des évènements d'il y a deux ans et on laisse la satanée barrière derrière nous. On défait maintenant un bout de chemin que nous avions fait depuis Linz ce matin fatidique. On s'arrête à Mathausen pour trouver de quoi luncher, mais le village est complètement endormi, on doit se rabattre sur un complexe commercial de bord de chemin et tenez-vous bien, Monia propose d'aller au McDo !!! Si vous avez senti la terre trembler vers 8:00 heure de l'est, ce n'est rien de moins. Avant que vous posiez la question, elle a pris: un McWrap tomate-salsa, une frite et un Coke-zéro. Je pense que la dernière fois que Monia est allée au McDo, ils avaient encore le McDLT. Au moins, on a pu s'asseoir au chaud, aller aux toilettes et se laver les mains avant de manger. Il fait seulement 12 degrés après tout.

25 km plus tard, c'est Linz et la fin de la randonnée dans la joie. C'est la première fois que je termine une randonnée de vélo itinérante de plus de trois jours ailleurs qu'à l'hôpital...

On a laissé les vélos à Constantin qui avait aidé Monia avec les vélos en 2011. Il va les emballer et nous apporter ça demain. On est retourné en ville et ça fait tout drôle de la revoir avec des yeux différents, mais il y fait aussi froid que la dernière fois. On a retrouvé un bar belge où on a arrosé l'arrivée avec une Maredsous et une Chimay et on a soupé dans un resto indien (juste pour se mélanger la culture bien comme il faut et se préparer à de nouvelles aventures). Demain, repos, avant le retour en avion à partir de Linz. Un seul projet, visiter le camp de concentration de Mauthausen.




Voilà, la barrière est franchie. Parfois, il faut s'y prendre à deux fois pour finir ce qu'on a commencé.




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Trame sonore du jour:

You Can Never Hold Back Spring, Tom Waits, Orphans
« So close your eyes
Open you heart
To the one who's dreaming of you
Baby, you can never hold back spring »

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2013-09-26

Jour 28: Le Wachau

111 km. Cum: 1751 km.

Spitz, Autriche - Il faut b'en partir de Vienne un moment donné. Ce matin, c'est ce qu'on a fait avec une petite appréhension du vent nord-ouest qui était annoncé dans les 20 km/h. Nous sommes d'abord sortis de la ville suivant l'excellent réseau urbain de pistes cyclables. Je me répète, mais pour un cycliste, rouler sa bécane ici, c'est une expérience unique. Ensuite, on traverse sur la rive-nord du Danube par le dessous d'un pont astucieusement aménagé pour piétons et moulineurs.




Le premier 40 km n'est pas trop venteux, plat comme une planche à repasser et longe le Danube sur une surface très lisse. C'est du p'tit vélo facile comme dit Monia. Quelle infrastructure remarquable. Je dirais que l'Autriche arrive bonne deuxième derrière l'Ohio à ce niveau, mais considérant l'étendue et la complexité du réseau à Vienne, il faudrait peut-être les mettre ex-æquo.

On traverse sur la rive-sud à Tulln, un joli petit village où on traverse de petits bocages odorants qui me rappellent les automnes de mon enfance. On est aussi plus abrités, donc on esquive bien du vent. Parfois, nous sommes presque les deux roues dans le fleuve. Surprise, on m'a placé une belle barrière pour me pratiquer pour demain:




Plus loin, on retraverse sur la rive-nord sur un barrage et on arrive bientôt à Krems par une banlieue industrielle qui sent la banlieue industrielle. Quand on pénètre dans le centre historique, le ciel menaçant a commencé à précipiter ses averses.

On mange sous la marquise d'une épicerie ou on a trouvé de quoi luncher. Il est midi trente et il reste moins de 20 km pour notre destination, Spitz. Quand on repart, la pluie continue, mais diminue d'intensité et on pénètre dans la vallée de la Wachau. Oh ! Là, on est flabbergastés, car en tant qu'amateurs de vins plutôt passionnés, on n'en revient pas de réaliser qu'on ne savait pas que notre itinéraire traversait une si importante région vinicole. La vallée est très escarpée, ce qui exige de cultiver les vignes en terrasse. C'est carrément spectaculaire de rouler à vélo là-dedans.






On n'a pas pu s'empêcher d'arrêter quand on est passé chez un producteur (Domaine Wachau) sur le bord de la route. On a dégusté des Grüner Veltliner et un Riesling. Monia a proposé de mettre une bouteille dans son sac à dos pour qu'on puisse déguster plus librement une fois échoués à l'hôtel dix km plus loin. Je n'ai pas refusé...




Arrivés à Spitz, nous avons les yeux écarquillés d'un si beau paysage. On n'en revient toujours pas de ne pas avoir réalisé avant qu'on passait dans cette importante zone vinicole reconnue dans le patrimoine de l'Unesco. Après la lessive et une marche dans le village, on déguste notre Riesling
local dans notre chambre d'hôtel qui est aussi plus belle qu'on croyait avec sa vue sur le Danube et la vigne. Vraiment une journée de belles surprises.




Demain, c'est la fin de la randonnée avec une centaine de km qui nous mènera à Linz avec, à 28 km de la fin, la fameuse barrière qui a interrompu le voyage il y a deux ans. J'ai hâte de la contourner...

48.358484,15.409559

Trame sonore du jour:
Je t’ai Vu Me Voir, Les Trois Accords, Grand Champion
« Je t’ai vu me voir,
Courir dans l’estrade,
Je t’ai vu me voir,
Tu es belle quand tu me regardes. »
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Jour 27: Sissi, c'est fini

0 km. Cum: 1640 km.

Vienne, Autriche - C'est notre dernière journée de farniente avant de reprendre nos montures pour les derniers deux-cent quelques kilomètres qui restent jusqu'à Linz. C'est assez incroyable combien le temps donne l'impression de se comprimer dans ces moments de libre itinérance.

Aujourd'hui, dernière journée à Vienne, c'était comme la journée des restants. Pour commencer, nous sommes retournés à l'hôtel de ville pour essayer une meilleure photo maintenant que les tentes abritant l'évènement d'équitation du weekend sont enlevées. Comme la façade est en rénovation, ce n'est pas concluant, on ne pourra vraiment faire mieux. On tente aussi de visiter l'intérieur, mais c'est fermé pour la semaine.




On erre alors au gré du vent jusqu'à se rappeler que notre billet de visite de l'Opéra de la veille est valide pour une visite du musée de l'Opéra, situé tout près. On s'y rend et on prend tout notre temps pour essayer de s'imprégner de cet art peu accessible. Le matériel le plus captivant est à propos des célèbres directeurs passés comme Richard Strauss et Gustav Mahler. Ce dernier s'est converti du judaïsme au christianisme pour pouvoir devenir directeur en 1897. Aussi, c'est lui qui a instauré la discipline actuelle dans les salles d'opéra. Depuis son avènement comme divertissement, l'opéra était un endroit où on allait jouer aux cartes, manger, boire et potiner en regardant distraitement la prestation sur scène. C'est Mahler qui a renversé ces comportements et exigé un décorum strict pour les spectateurs, refusant l'entrée aux retardataires qui encore aujourd'hui doivent attendre l'intermission s'ils ont abusé du Cialis. Autrement, c'est la section du musée sur la période nazie qui est d'un grand intérêt. À cette époque, des œuvres non-aryennes ont été mises à l'index, Wagner a été mis à l'avant-plan et tous les artistes et techniciens juifs ou non-alignés ont été écartés des prestations. Grand soulagement pour les artistes en 1945, mais malheureusement l'édifice a été bombardé avant la fin de la guerre.

En après-midi, on profite d'un autre restant de ticket combiné en visitant le musée des meubles impériaux. À la chute de l'Empire, après la 1ere guerre, l'état a hérité des propriétés impériales, mais aussi d'une quantité significative de meubles. On en a encanté, on en a loué à des hauts-fonctionnaires, mais on s'est vite rendu compte de leur grande valeur patrimoniale. Ce musée renferme donc une partie de cette collection.




Après quelques survols historiques, on passe à des salles où on a reproduit des pièces comme elles étaient disposées à l'origine. Ici et là, un écran joue en boucle des extraits des films avec Romy Schneider avec, tout près, les meubles authentiques qui ont été utilisés dans la scène présentée. Sinon, pour le reste, ça donne l'étrange impression de marcher chez Germain Larivière, Philippe Dagenais ou Ameublement Tanguay, à la différence près que les éléments du décor sont d'un siècle tout autre. Vous devez vous dire qu'Éric a dû finir par en avoir marre de pseudo-magasiner. Mais non, c'est Monia qui a fini par dire: "Là, Sissi, p'us capab' !". C'est vrai qu'on finit par en revenir de Sissi. Mais, je pense que ce qui fait déborder le vase (sans faux jeu de mots), c'est la collection de cabinets d'aisance d'époque pré eau-courante. Là, s'cusez-là (le retour de mononcle bonhomme) mais c'est là que Chi-Chie l'impératrice. ;-)




Comme il y a une belle zone commerciale en ressortant et que Monia ne rechigne pas à faire la revue des tendances mode, je marchande de la laisser prendre son temps pendant que je fais un dernier test des glaces viennoises à la gelateria d'à côté.




Avant le souper, on profite de la présentation en plein-air et en direct de l'opéra Tristan et Iseult. On n'y comprend rien évidemment, car c'est en Allemand, mais je pense aussi qu'on aurait besoin de l'accompagnement d'un vrai passionné pour vraiment apprécier cet art. Un beau moment quand-même en plein centre-ville.




Hormis ce thème récurrent et un peu abusé de Sissi, on retiendra deux mots pour Vienne: musique et vélo. À la station de métro Karlsplatz, il y a des toilettes avec musique de chambre, on propose des concerts à tous les coins de rue et les musiciens de rue sont top niveau. Côté vélo, c'est sans aucun doute la ville la plus cyclable que j'ai vue. Toutes les rues principales sont organisées également pour la voiture et pour le vélo avec lignage, signalisation et feux pour chaque mode en intégrant bien sûr les piétons de façon joliment balancée.

Notre dernier repas à Vienne est un véritable succès au restaurant Mini. Un restaurant hongrois, mais qui s'éloigne de la traditionnelle goulash. Mon foie gras d'oie est absolument phénoménal, surtout avec le petit Tokay liquoreux qui va avec. Le tartare de saumon, le confit de canard et le gigot d'agneau sont aussi excellents et que dire du mi-cuit au chocolat pour finir en beauté.

On va tout dépenser ça demain la gueule dans le vent du nord-ouest. Au revoir Vienne et Adieu Sissi !

48.18627, 16.32484


Trame sonore du jour:

Kayleigh, Marillion, Misplaced Childhood
"Do you remember chalk hearts melting on a playground wall
Do you remember dawn escapes from moon washed college halls
Do you remember that cherry blossom in the market square
Do you remember I thought it was confetti in our hair"

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2013-09-25

Jour 26: Petite Musique de Nuit

0 km. Cum: 1640 km.

Vienne, Autriche - Venir à Vienne et ne pas aller voir un petit concert, je trouvais que ça ne se faisait pas. Alors, aujourd'hui quand on a croisé des kiosques à tickets, on s'est informé et j'ai choisi d'aller voir un concert d'une petite troupe qui propose un programme varié alliant Mozart et Strauss, quelques pièces chantées et un peu de ballet. J'en reviens, plus tard qu'à mon habitude, alors je serai bref dans ma prose.

Pour le concert, j'ai bien aimé. Un premier violon, un violoncelliste, trois violons, un flutiste et une pianiste donnaient une bonne texture sonore dans cette petite salle, Figaro Hall, où Mozart a joué à six ans en 1762 avec sa soeur. Des extraits des Noces de Figaro, Petite Musique de Nuit, la ronde turque, la marche espagnole, des valses de Strauss et l'incontournable Danube Bleu. Ce que j'ai moins aimé, ce sont les danseurs qui sont venus faire quelques steppettes de ballet dans un espace très restreint. Des danseurs qui n'ont pas d'espace et qui doivent constamment retenir leur élan et leurs mouvements, ça parait dans le rendu.  Au final, j'ai passé une belle soirée.




Autrement, ce matin, nous avons continué notre exploration de la vie de Sissi et des empereurs d'Autriche en visitant les appartements privés du palais impérial. Ça inclut la collection de services de tables (assez spectaculaire merci) et un musée consacré à Sissi. On a beaucoup apprécié cette visite, malgré que le palais Schonbrunn (la résidence d'été) nous ait semblé plus intéressant. Peut-être qu'il y a aussi un peu de redondance entre les deux. Néanmoins, le musée de Sissi nous aide à mieux comprendre le personnage. J'ai pour mon dire qu'elle devait être anorexique-boulimique dépressive et surtout aucune envie d'être impératrice, génitrice d'héritiers et mannequin d'apparat pour la cour. Ça fait réfléchir aux droits des femmes (elle n'a pas trop eu le choix dans ce mariage arrangé) et ça rappelle l'importance de faire ce qu'on aime dans la vie, car même la plus riche des princesses peut être malheureuse comme la pluie toute sa vie.

Quand on est sorti du musée, on s'est fait un beau pique-nique dans StadtPark, le premier parc public de Vienne et on a ensuite fait un petit tour de découverte architectural, notamment l'oeuvre bizarre de Hundertwasser.






En complétant ce tour, on arrive par hasard à l'opéra qui vient d'ouvrir pour la seule visite de la journée. On réussit à avoir des billets. C'est assez chaotique comme visite, avec plusieurs tours guidés en simultané dans plusieurs langues. On a peine à entendre notre guide. C'est un édifice qui date de 1860, mais qui fut détruit à 80% à la deuxième guerre mondiale. Quelques pièces seulement sont d'origine. La salle est vraiment belle et intime, malgré qu'elle peut recevoir 2300 spectateurs. On y joue des opéras différents à tous les soirs ce qui est assez unique dans le monde.







Après un retour au Australian Pub, on a soupé au restaurant Loca. Belle salle, mais pour le reste c'est plutôt ordinaire, malgré qu'il soit coté dans les meilleurs dans TripAdvisor. On ne peut pas toujours avoir la main heureuse.


48.18627, 16.32484


Trame sonore du jour:

Blackbird, The Beatles, The White Album

"Blackbird singing in the dead of night
Take these broken wings and learn to fly
All your life
You were only waiting for this moment to arise
Blackbird fly"


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2013-09-24

Jour 25: Sissi

0 km. Cum: 1640 km.

Vienne, Autriche - Il y a plusieurs incontournables à Vienne, mais les incontournables des incontournables sont les châteaux impériaux. Il n'y a qu'un seul château impérial, mais on doit aussi inclure la résidence d'été, le Palais Schonbrunn qui est situé à 10 minutes de marche de notre hôtel. C'est là qu'on a débuté ce matin, en se disant qu'on allait commencer par visiter le chalet avant la résidence principale.




Pour mieux apprécier, il faut se retremper dans l'histoire de l'Autriche-Hongrie. Monia avait une longueur d'avance sur moi, car elle avait suivi les péripéties de Sissi l'Impératrice à Ciné-Quiz dans sa jeunesse. Disons pour faire court que c'est la dynastie des Habsbourgs qui remonte au 13e siècle qui a reconquis le territoire aux Ottomans au 16e siècle qu'on appelait alors le Saint-Empire Germanique. Au 18e siècle, c'est l'âge d'or de ce royaume et la résidence d'été prend forme grâce à Marie-Thérèse d'Autriche et son chum François de Lorraine. Ce sont les parents de Marie-Antoinette qui fut guillotinée avec Louis XVI en 1792 suite à la révolution française. Sissi elle, de son vrai prénom Élisabeth, vient plus tard. Elle a été mariée (arrangé - comme c'était la coutume) à 16 ans à François Joseph, l'empereur d'alors au milieu du 19e siècle. Ce fut un peu la Lady Di de l'époque, mais en plus indépendante. On comprend du guide qu'elle n'était jamais là, qu'elle était à la diète et faisait du pilates ou du yoga (peut-être même du zumba ou du cross-fit) pour garder la ligne. Elle avait les cheveux qui descendaient jusqu'aux chevilles, mais pas de séchoir à cheveux, car elle a vécu avant Tesla et Edison.

La visite du Palais est très instructive, bien présentée et les artefacts, les espaces et les meubles sont bien préservés. On peut même voir le cabinet de toilette de François Joseph, ce qui est un peu troublant, vu l'association d'idée évidente du moment. On se rend aussi bien compte que l'oisiveté et la richesse mènent à des loisirs démesurés. Ainsi, on a l'impression en écoutant l'audio-guide que Marie-Thérèse d'Autriche se faisait un "Décore ta Vie" à toutes les semaines avec un budget sans limites.

Les moments forts de la visite sont sans aucun doute les salles qui ont été le théâtre d'un évènement historique. On visite la salle des glaces où Mozart a joué à six ans devant l'Impératrice Marie-Thérèse et l'a étreint spontanément pour l'embrasser après sa performance. On traverse la salle où Charles I a renoncé au trône le 11 novembre 1918 pour que l'Autriche et la Hongrie redeviennent des républiques et que ces palais que nous visitons aujourd'hui deviennent des musées. C'est la même journée que l'armistice entre les Alliés et l'Allemagne, journée faste pour la démocratie et la liberté. Finalement, la grande salle de bal a abrité la rencontre de Juin 1961 entre Kennedy et Khrouchtchev à l'apogée de la guerre froide. Le jugement et l'évaluation que les deux leaders se seraient faits un de l'autre seraient à l'origine des manœuvres qui ont mené à la crise des missiles de Cuba.

On a adoré notre tour du propriétaire à l'intérieur et on a ensuite fait le tour des jardins. Oh là là. On pourrait courir un marathon sur la propriété sans jamais repasser deux fois à la même place tout en respectant les espaces gazonnés. De belles fontaines, des arbres bien taillés, des allées impeccables, wow. Que de travail horticole.







C'est beaucoup de marche et on a bien mérité notre lunch. On choisit le restaurant végétarien tout près de notre hôtel qui est très bien à part peut-être qu'il faut être patient pour la facture et que je n'ai pas choisi judicieusement en prenant un plat végétalien qui convenait plus à une mésange. C'est le quinoa qui m'a attiré, mais même si c'est un aliment complet, j'en aurais pris plus que quatre bouchées. Ça me fait penser que notre absence de restrictions alimentaires nous facilitent grandement la vie. On voit parfois des voyageurs qui doivent s'inquiéter des allergies et autres intolérances (gluten, lactose, farines, etc) ou qui respectent une diète par choix comme le végétarisme, le végétalisme, le kacher ou le halal. C'est un défi de bien s'alimenter pour nous qui mangeons de tout, alors on peut s'imaginer la difficulté pour des gens avec des restrictions de voyager dans certains pays aux denrées restreintes ou même seulement quand il y a une barrière de langue. Moi, après le vélo, je me permets d'avaler ce qui me tente, je me considère chanceux de pouvoir tout déguster sans m'inquiéter et de pratiquer un gloutonnisme modéré dans l'allégresse.

Justement, pour compléter mon repas d'oiseau, nous sommes entrés dans un café viennois. C'est sûrement de là que vient l'expression "café et viennoiseries seront servis", quoi qu'en général à ces occasions, on sert surtout des danoises. Ici, on est dans un café où les pâtisseries sont à l'honneur. Sans contexte géographique, on dirait que le comptoir est rempli de pâtisseries françaises, car on y trouve des choux à la crème, des tartelettes aux fruits et pâtes feuilletées, mais aussi des gâteaux élaborés et typiques comme la sachertorte. Cependant aucune trace de crème anglaise. Viennoiseries, danoises, françaises, anglaises, c'est à perdre le nord, mais combien de nationalités sont accolés à des trucs sans trop de rapport direct. On entend rarement au douanes: "Je suis Chinois, comme le pâté", "Canadienne, comme les béquilles", "Suisse, comme le fromage", "Vénitiens, comme les stores"...

On a digéré cette pâtisserie autrichienne en marchant quelques kilomètres pour explorer et découvrir l'architecture de la ville. Nous nous sommes reconvaincus que cette ville est un joyau, un musée à ciel ouvert. Une fortune a été investie dans la construction au 19e siècle et comme j'ai répété toute la journée: "Pourquoi faire laid quand on a les moyens de faire beau".




Toute la journée, nous avons revu ces petits chocolats ronds à l'effigie de Mozart vendus dans tous les kiosques à souvenirs, les Mozart Kugeln. En bon mononcle, j'appelle ça des gosses de Mozart et je dis qu'ils les vendent à la poche. C'est assez bas de gamme comme blague, mais on a tous un mononcle bonhomme ou une matante sacoche qui sommeille en nous. Faut juste pas toujours l'écouter, même si on l'entend souvent.

Demain, c'est au tour du palais impérial. J'imagine que c'est une coche au dessus du chalet. À demain.



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Trame sonore du jour:

Café Robinson, Marie-Jo Thério, Arbre à Fruits
«Moi j'veux dessiner des oiseaux
Qui viennent d'un pays
Que tu connais même pas
J'voudrais être large comme le désert
J'voudrais couler comme une rivière»
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2013-09-23

Jour 24: La pompe à Phil

79 km. Cum: 1640 km.

Vienne, Autriche - J'ai connu Phil au jour 11 d'une autre aventure itinérante. C'était le 24 juin 2008 en Ohio. Je venais de perdre 45 minutes à attendre sur le perron d'un B&B pour finalement apprendre que c'était complet quand la propriétaire est arrivée. J'ai d'abord rencontré Ken qui m'a donné des infos sur les pistes cyclables du coin et il m'a présenté Phil qui s'est intéressé à moi pour la légèreté relative de mon bagage. Phil roule des dizaines de milliers de km chaque année, lui-même voyage léger et il a été impressionné par ma technique. Il concède que je préfère le sac d'hydratation aux bouteilles pour l'autonomie et le rangement supplémentaire, il comprend moins que je ne traîne pas de pneu de rechange pliable, mais ce qui le démonte vraiment, c'est que je n'apporte pas de pompe. Je préfère les petites cartouches d'air comprimée qui ne pèsent rien et gonflent un pneu sans effort en moins de 5 secondes. Phil insiste que ça ne justifie pas de laisser la pompe derrière, les cartouches sont jetables, peuvent être défectueuses et difficiles à trouver. Et pourquoi risquer de rester en panne pour de l'air ? J'ai toujours résisté et je n'avais pas de pompe sur ma bécane jusqu'à ce que je rende visite à Phil cet été. Frôlant le prosélytisme anti-cartouche, il m'a fait croire qu'il avait acheté une pompe de trop et il m'en a fait cadeau. C'est une petite pompe très légère au design génial qui se transforme en pompe à pied et qui permet de gonfler un bon 110 lbs sans s'éreinter. Je l'ai installé sur mon cadre sous un porte-bouteille et ironiquement, Monia a expérimenté une cartouche défectueuse dans la même semaine et a eu la chance que Lyne Bessette la ramène à Bromont.  Elle a alors réalisé l'importance de la nouvelle pompe.

La pompe est restée sur mon vélo jusqu'ici en Europe. Heureusement, car on ne peut voyager en avion avec de l'air comprimée et la boutique de vélo de Sofia n'en avait pas à notre arrivée (malgré que je leur avais demandé d'en commander bien à l'avance). J'ai cherché en vain des cartouches à toutes les boutiques de vélo que nous avons trouvées sur notre chemin. Ainsi, nous roulons depuis le début sans cartouches et personnellement, je vis ça comme un sevrage. Petit à petit, je réalise que nous allons compléter les 1800 km sans en avoir eu une en poche. Nous avons récemment mis à niveau la pression dans les pneus grâce à la pompe. C'est la pompe seule qui est notre assurance-crevaison et je pense que je suis guéri de l'obsession de l'air comprimé. Surtout, je ne partirai plus sans elle. Merci Phil d'avoir insisté.

On part le coeur léger après un copieux déjeuner. Il fait 12 deg, soleil légèrement voilé, parfait pour mouliner. On commence par traverser le Danube sur un pont en lattes de bois qui nous semble un peu précaire. De l'autre côté, on peut apprécier de loin ce qu'on a vu de près la veille.







Sur une belle piste, on traverse rapidement en Autriche, le dernier pays de ce périple qui tire bientôt à sa fin. Côté rive-sud, on peut admirer de très loin le Château de Devin que nous n'avons pu visité hier. On retraverse rive-nord et on s'engage sur 25 km en parfaite ligne droite en direction ouest. C'est planche et droit au point ou le guidon et le dérailleur sont inutiles. C'est tellement régulier que ça devient méditatif. Au point où on ne sait plus si ce sont les pédales qui actionnent les jambes ou vice-versa.




Quand on quitte cette ligne droite, c'est pour traverser une zone industrielle, puis une zone de pique-nique avant d'entrer dans Vienne par un pont qu'on accède par une pente en spirale. C'est génial.




Ensuite, on aboutit au Prater (grand parc) où il y a une compétition de course à pied. Une fois vraiment arrivés dans la ville, on se rend à l'hôtel à la boussole en suivant des pistes cyclables selon la trajectoire. C'est sûrement la ville qui a le mieux intégré les vélos à son réseau routier. C'est consternant de voir l'importance accordée à ce mode de transport. Tant mieux.

Après un dîner moins ordinaire que prévu dans un Biergarden, on a fait notre lessive dans un laundromat à deux pas de notre hôtel. Ça fait du bien de savoir que toutes nos guenilles sont propres. Nous sommes impressionnés de voir le volume de vêtements que ça donne quand ce n'est pas compressé dans nos bagages.

On a pris le reste de la journée pour se rendre au centre historique dans l'idée de ne pas souper trop tard. Notre hôtel est tout prêt du métro et en 20 minutes tout compris, nous sommes dans le centre. On commence par Stephenplatz, le square de la cathédrale et en cherchant le resto, on s'éloigne graduellement et on tombe sur ce qu'on pensait ne venir voir que demain. Oh là là, on a seulement jeté un coup d'oeil à Hofburg et on est sur le cul. Et ce n'est pas le dixième de ce qu'il y a à voir...





On a décidé de se garder ça pour demain et les trois prochains jours. Y a du stock à voir...




48.18627, 16.32484

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Trame sonore du jour:

Dear Landlord, Bob Dylan, John Wesley Harding
"I'm not about to argue, I'm not about to move to no other place
Now, each of us has his own special gift and you know this was meant to be true
And if you don't underestimate me I won't underestimate you."

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2013-09-21

Jour 23: Les glaces

0 km. Cum: 1561 km.

Bratislava, Slovaquie - C'est ainsi qu'on avait planifié: Commencer par le plus exotique, le plus pentu, se garder les grandes villes pour la fin et surtout être plus à même de savoir combien de jours on pourrait s'attarder dans ces grandes capitales sachant le plus gros de l'exercice derrière nous. On avait fait des simulations et on est tombé pile sur le scénario qui nous plaisait le plus, c'est à dire 3 nuits à Belgrade, 4 à Budapest, 2 à Bratislava et 4 à Vienne. Jusqu'à maintenant, on a aussi visé juste sur l'intérêt relatif de ces endroits. Il reste à voir Vienne, mais ça ne nous inquiète pas trop.

Aujourd'hui donc, c'est une journée touriste. La lessive est sèche, on n'a qu'à "chiller" et profiter de Bratislava. Il fait encore froid ce matin avec de la pluie intermittente, mais aussi un peu de soleil. Ce sera encore une journée où on se fera regarder grâce notre accoutrement mi-ville mi-cycliste flashant pour se garder au chaud. De toute manière, on commence à être habitués à se faire regarder et au fond ça n'a aucune importance.

On se la coule douce et on commence par un bon petit déjeuner au restaurant de l'hôtel, le Saint-Hubert. Il n'y a pas vraiment de confusion possible avec son homonyme québécois grâce à son décor champêtre, voire sauvage. Au dessus de notre tête en prenant notre premier café de la journée:




Les guides touristiques semblent unanimes, cette ville est au fond un gros village dont l'intérêt se concentre en son centre historique. Il n'y a qu'un truc qui demande de s'éloigner et c'est le château de Devin. Sa ruine se dresse sur un promontoire à la confluence du Danube et de la Morave.



On a fini par avoir un minimum d'information pour déchiffrer le transport par bus et trolleys, du moins pour les routes principales qui relient notre hôtel au centre, mais aussi la route qui mène à ce château. On s'y rend donc en calculant arriver à l'ouverture dès dix heures. Mais, rendu là, on se rive le nez comme on dit chez-nous, car exceptionnellement, l'accès à l'intérieur de la ruine n'est pas ouvert ce matin. On comprendra en voyant arriver une cavalcade de voitures escortées par la police. Nous nous sommes contentés en faisant un tour sommaire du site et en contemplant brièvement la confluence des cours d'eau qui finalement n'est que de l'eau qui rencontre d'autre eau et probablement une source de débat entre rivièrographes pour déterminer où finit la rivière et où commence le fleuve. L'eau de la Morave parvenue au Danube est-elle vraiment arrivée ? Bon, ça y est, il recommence... On refait sans plus attendre le 20 minutes de bus en sens contraire. Ça fait presque penser à nos allers-retours à Sutton: Y sommes-nous vraiment allés ?




Au retour, on s'attaque aux escaliers du Château de Bratislava qui trône sur la vieille ville. Les remparts sont authentiques, mais le bâtiment lui-même a passé au feu dans l'histoire récente et c'est une reconstruction d'un intérêt historique et architectural mineur. Ça nous permet tout de même un beau point de vue sur le Danube.







Après un lunch copieux dans une micro-brasserie, on déambule dans la vieille ville qui est vraiment toute indiquée pour une journée de flanâge avec sa cité historique bien ramassée. Pour s'abriter d'une lourde averse, on se réfugie dans un café où on en profite pour essayer les desserts. Monia y va pour la classique torte sacher pendant que j'ajoute un café glacé sophistiqué à ma coupe glacée divine. B'en quoi, il faut se faire de forces pour demain.

Après les glaces, on lèche les vitrines, mais comme on a de la place pour rien du tout dans nos sacs, ce pseudo-magasinage est totalement vain. De toute façon, dans ces quartiers très touristiques, il n'y a souvent que des babioles à vendre. Au rayon des articles pour fans de sport professionnel, ça fait tout drôle de voir des articles promotionnels de la KHL, mais qui mettent en vedette les joueurs qui évoluent dans la NHL.




Avant de retourner à l'hôtel, sous prétexte d'une autre averse isolée, on visite le Palais des Primats (en anglais, on le nomme Primates Palace qui évoque une toute autre espèce) où on peut visiter la salle des glaces. Rien à voir avec la crème-glacée, on parle ici de miroirs. Quelle idée saugrenue d'aller visiter des miroirs aujourd'hui avec notre accoutrement. On a pu s'admirer en plusieurs copies en présence de plusieurs portraits de Marie-Thérèse d'Autriche en habits à peine moins sophistiqués.

On a soupé tôt dans le même excellent resto qu'hier, après un arrêt au Irish Pub, un compagnon récurrent de nos pérégrinations. On quitte Bratislava pour Vienne dès demain et j'ai déjà hâte de regoûter aux glaces autrichiennes...




48.14789, 17.13341


Trame sonore du jour:

Born to Run, Bruce Springsteen, Born to Run
« Just wrap your legs round these velvet rims
And strap your hands across my engines
Together we could break this trap
We’ll run till we drop, baby we’ll never go back »

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2013-09-20

Jour 22: Red Deer

99 km. Cum: 1561 km.

Bratislava, Slovaquie - À travers les cyclistes qu'on a rencontré hier, un de ceux-ci était originaire de Red Deer en Alberta. Je lui ai raconté que j'avais passé là en '91 à toute vitesse avec Marc Hébert (il ne connaissait pas Marc, ça c'est rare). C'est une anecdote d'une nuitée à Banff, d'un extrême excès de vitesse impuni dans la prairie et d'un lobe frontal encore un peu mou. Évoquer cet épisode m'a rappelé un détail de cette semaine passée à Edmonton en formation pour IBM. Chaque fois qu'on parlait de notre voiture de location, je disais que c'était un "minable Toyota Camry". Marc trouvait drôle que je dise une telle énormité et le soulignait à chaque fois. Je disais ça avec la fausse assurance d'un vrai amateur de voitures sport, alors que j'arrivais à peine à faire les paiements sur mon Acura... automatique. On comprend ces choses là plus tard, mais c'était un symptôme important de ma cécité de l'époque en regard de mes désirs et objectifs réels. Aujourd'hui, je sais que je n'ai aucun sens du moteur, du torque, du plaisir de rétrograder ou de la puissance de la traction intégrale. Mais à 22 ans, je trouvais normal de vouloir aimer les voitures sports. J'étais trop occupé à me conformer à ce que je percevais qu'on attendait de moi au lieu de me brancher directement sur mes propres désirs profonds. Cette seule phrase: "minable Toyota Camry" aurait dû m'éclairer sur mes égarements du temps. Il aura fallu des moments clés au fil des années, parfois durs à passer, pour trouver le vrai moi. Bon, j'imagine que Marc Hébert aurait pu m'organiser ça sur place pour dix fois moins cher qu'une psychanalyse, mais je n'écoutais pas bien la vérité que recelait son rire de dépit.

Tout ça pour dire aux ados et aux jeunes adultes qui me lisent qu'on ne se connaît pas toujours aussi bien qu'on le pense à 15, 25, 35, 45 et probablement même à 55 ans. La question "Qu'est-ce que je veux ?" est sûrement la question la plus importante dans la vie. Toutes les réponses sont bonnes si elles cultivent nos véritables passions que ce soit l'attaque à cinq, l'altitude ou le vent dans la figure. C'est seulement après qu'on se soit branché sur ses vraies passions, qu'on peut s'appliquer noblement à faire en sorte de laisser le monde mieux qu'on l'a pris. Ça vient naturellement quand on est passionné et c'est dans les petits gestes que ça s'incarne. On privilégie l'être sur l'avoir.  On apprend à ne plus vouloir Être ce qu'on A, quand on réalise que ce qu'on Est constitue ce qu'on A de plus précieux.

Quand on est sûr de soi, les deux pieds bien ancrés et qu'on entretient la passion par l'effort, rien ne devrait nous arrêter, surtout quand on a 15 ou 20 ans. Il faut aussi réaliser que la critique et le jugement des autres est émis par d'autres mortels soumis à la même distribution normale de compétence. On peut se faire dire qu'on est moyen-faible par un orienteur et faire un excellent informaticien. On peut se faire couper de l'équipe parce qu'on manque de "hockey sense", mais tout de même persévérer et prouver le contraire. On peut se faire dire qu'on n'a aucune chance d'embauche avec une moyenne trop basse et devenir un excellent leader. On peut aussi suivre les conseils de l'orienteur, finir informaticien parce qu'on est dont bien fort en maths et passer ensuite ses vacances à rêver qu'on est chroniqueur en écrivant tous les jours...

Pendant ce temps en Europe centrale, on se réveille pour une première fois en Slovaquie. J'ai déjà dit que le premier petit déjeuner dans un nouveau pays était toujours une surprise. La Slovaquie n'a pas fait exception ce matin. Des sandwiches aplaties au baloney et poivrons verts crus. Ohh... Déjeuner pour ainsi dire inoubliable, surtout sur les premiers km, les poivrons causant quelques rappels éructants. Il faut dire qu'à 26 Euros pour la chambre, déjeuner inclus, il ne fallait pas s'attendre au buffet du Château Bromont.

C'est encore froid ce matin, mais le vent s'est calmé et il n'y a pas de pluie sur le radar dans les prochaines heures. Nos 30 premiers kilomètres sont sur la même route qu'hier avec un accotement assez large, quoique la circulation ne soit pas si lourde. Ça roule très bien, la surface est belle, ça tourne de bons braquets, on est dans notre élément. Que c'est agréable.




On bifurque ensuite sur une route plus tranquille en pleine campagne, au point où nous faisons 2 km de gravier avec quelques belles flaques de boue. Mais c'est ensuite une belle enfilade de petits villages reliés par ce beau ruban d'asphalte qui s'abrite parfois sous une verte charmille.




Le déjeuner soutient mal l'effort et heureusement nous avons fait le plein de barres granola. On espérait trouver une pâtisserie sur la route, mais les villages cachent bien leur jeu. Dans certains cas, les noms laissent même place à quelques doutes sur leur moralité. (Horny Bar = bar cochon)




La dernière section est plus corsée pour entrer dans Bratislava, mais tout compte fait, ça s'est très bien passé. À 12:30, on est à l'hôtel, mais avant même que je demande gentiment si on peut laisser nos bagages et revenir, la marâtre bourrue déguisée en réceptionniste me jappe rudement que le check-in est à 14:00. &$@#%!¥ d'air bête. Les petits gestes qui laissent un monde meilleur, elle, ce n'est pas au travail qu'elle les sème. Michael, le chasseur obéissant à madame, m'a gentiment assisté pour stationner les vélos dans le lobby et on est parti à la recherche d'un lunch.

On s’assoit dans un petit resto avec un menu du jour dans la langue de Jaroslav Halak. Pas de niaisage, on nous dépose immédiatement des soupes. Ça me donne le temps de commencer à traduire suffisamment du menu pour qu'on puisse commander le poulet. Pour la bière, ça fait longtemps que nous avons appris le mot: piva.

À 14:01, on fait le check-in avec la dame fâchée et on a la clé de la chambre.  C'est l'heure de la lessive. Il fait froid depuis qu'on a quitté Budapest, alors on est dû pour laver le peu de vêtements chauds que nous avons. Ainsi, pendant que ça sèche, on est contraint de sortir un peu sous la norme considérant le 15 degrés et la pluie froide qui commence. Monia est en robe, je suis en shorts, t-shirt. On se fait regarder pas à peu près.

Nous sommes à 25 minutes du quartier historique, là où ça se passe à Bratislava et c'est tout un micmac pour essayer de déchiffrer le système d'autobus avec ses billets à temps limite et ses circuits tordus. Si la carte des transports n'était pas en format microfilm, peut-être qu'on y verrait clair. On a fini par se rendre, mais on a marché pas mal.




La marche sur les trottoirs, comme les pistes cyclables, représente ici un certain risque. À preuve, cette entrée en escalier à même le trottoir...




Évitant tous les écueils, on s'est vite engouffrés dans une micro-brasserie pour la chaleur et on s'est choisi un excellent restaurant qui nous a tant impressionné qu'on a réservé pour demain. Quand on sait ce qu'on veut et qu'on cultive ce qu'on aime, avec un peu de chance, on finit toujours par satisfaire nos désirs. Même quand tout ce qu'on cherche, c'est juste un peu de chaleur...




48.14789, 17.13341



Trame sonore du jour:

Passe-moi la puck, Les Colocs, Les Colocs
"J'ai dit ben passe-moi' puck
Pis j'vas en compter des buts"

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